Administration sans frontiéres? Droit européen de l’immigration
Les instruments juridiques et leurs effets
(Administration without Frontiers? European Migration Law
The Legal Instruments and their Effects)
Professeur de droit public, Université Montesquieu-Bordeaux IV (CRDEI)
The study of the legal instruments used by European Migration Law presents incontestable original characteristics, not only on a quantitave level since migration is nowadays one of the most dynamic EU policies, but also on a qualitative level. Certainly, these legal instruments derive also from the theory of classical Community acts. However, there are different features which, if taken into consideration separately, are not always noteworthy but, if taken into consideration as a whole, will end up making sense. With regard to the Conference’s theme, the aim of this paper is to assess whether and to what extent these features reinforce administrative interpenetration. It leads thus to a subtle conclusion. If these acts are examined exclusively as instrumentum, they do not really seem likely to reinforce administrative integration; on the contrary, the bulk of their features seems to be at least neutral, at the very worst to be not more than a vehicle less efficient than the usual Community acts. On the other hand, as a negotium, these acts are based on original methods and/or on particular effects in this context, which indeed brings about a greater interpenetration of administrations. Because migration policy calls for and implies a mutual recognition of acts of public authority, because it supposes the harmonisation of the founding rules of the State’s territorial sovereignty and mainly because it is based necessarily on a collective participation of the national administrations in common operations, the European policy in the area of migration is a tremendous lever of administrative integration.
L’étude des instruments juridiques utilisés par le droit européen des étrangers présente d’incontestables traits originaux, non seulement sur un plan quantitatif puisque l’immigration constitue aujourd’hui l’une des politiques les plus dynamiques de l’Union européenne, mais aussi sur un plan qualitatif. Certes, ces instruments juridiques empruntent aussi beaucoup à la théorie des actes communautaires classiques. Toutefois, diverses particularités existent qui prises isolément ne sont pas toujours remarquables mais qui envisagées globalement finissent par faire sens. Au regard du thème de la conférence, le but de cette communication est de mesurer si et dans quelles mesure ces particularités renforcent l’interpénétration administrative. Elle aboutit alors à une conclusion nuancée. Examinés exclusivement en tant qu’instrumentum, ces actes ne semblent pas vraiment de nature à renforcer l’intégration administrative; au contraire, l’essentiel de leurs particularités semble au mieux être neutre, au pire n’être qu’un vecteur moins efficace que ne le sont les actes communautaires usuels. En revanche, en tant que negotium, ces actes reposent sur des méthodes originales et/ou aux effets particuliers dans ce contexte, ce qui induit effectivement une interpénétration plus grande des administrations. Parce que la politique d’immigration appelle et implique une reconnaissance mutuelle d’actes de la puissance publique, qu’elle suppose l’harmonisation de règles fondatrices de la souveraineté territoriale de l’Etat et surtout qu’elle repose impérativement sur une participation collective des administrations nationales à des opérations communes, la politique européenne en matière d’immigration est un formidable levier de l’intégration administrative.