Un nouvel Etat?

Un nouvel état?

(A New State?)

Yann Aguila

Conseiller d’Etat

1/ The State nowadays faces profound changes, that can be assembled behind the idea of a “return to Greece”. On the one hand, we observe a “return to polytheism”: plurality of authorities that come to compete with the State from above (globalisa­tion), from below (regionalisation) or from within (independent agencies). This poly­theism is being translated, in the framework of the legal order, as a pluralism of norms. On the other hand, we can refer to a “return to the agora”, with the de­vel­op­ment of representative democracy (principle of citizen participation, public de­bate, soft law), or that of judicial debates on great questions of society. 2/ How­ever, behind this renewal, we observe some permanent phenomena. Instead of re­gres­sing, the need for public affairs is being extended. The private sector itself is also being “conquered” by general interest purposes, such as protection of the envi­ron­ment or fair trade. Besides, the State retains a major role in the new methods of pub­lic action, including the organisation of public debates. It also retains the ex­ecutive function. In the final analysis, the State retains the role of the ultimate legal constituent. 3/ These evolutions raise for the State six challenges, to which jurists should respond: cohesion, legitimacy, citizenship, effectiveness, responsibility and sovereignty.

1/ L’Etat connaît aujourd’hui de profondes mutations, que l’on peut regrouper der­rière l’idée d’un “retour à la Grèce”. D’une part, on observe un “retour au poly­théisme”: pluralisme des autorités qui viennent concurrencer l’Etat par en haut (glo­balisation), en bas (régionalisation) ou en son sein (agences indépendantes). Ce poly­théisme se traduit, dans l’ordre juridique, par un pluralisme des normes. D’au­tre part, on peut parler d’un “retour à l’agora”, avec le développement de la démo­cra­tie représentative (principe de participation des citoyens, débat public, normes souples), ou celui des débats judiciaires autour de grandes questions de société.
2/ Tou­tefois, derrière ce renouvellement, on observe des permanences. Loin de ré­gres­ser, le besoin de chose publique s’étend. Le secteur privé lui-même est gagné par les finalités d’intérêt général, qu’il s’agisse de la protection de l’environnement ou du commerce équitable. En outre, l’Etat conserve une place majeure dans les nou­­velles méthodes de l’action publique, y compris dans l’organisation des débats pu­blics. Il conserve également la fonction exécutive. En dernière analyse, l’Etat conserve le rôle de constituant juridique ultime. 3/ Ces évolutions soulèvent pour l’Etat six défis, auxquels les juristes devraient apporter des réponses: la cohésion, la légitimité, la citoyenneté, l’efficacité, la responsabilité et la souveraineté.